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La prolifération des poissons-lions dans la Grande Caraïbe au cours des dix dernières années est une menace réelle et croissante pour l'écologie marine des zones tropicales et subtropicales de la région. Maintenant que toute la région a été envahie, on peut s'attendre à ce que les densités de poissons-lions dans les zones nouvellement envahies augmentent rapidement, comme cela a été observé sur les sites (par exemple les Bahamas) qui ont été envahis en premier. Jusqu'à présent, il n'a pas été observé de baisse des densités : celles-ci semblent rester élevées pendant une période suffisante pour causer de graves dommages aux récifs et aux espèces de poissons.
Le poisson-lion peut causer des dommages de manière directe ou indirecte sur les récifs coralliens, les herbiers et mangroves, en raison de son taux élevé de reproduction et de croissance, sa capacité d'alimentation vorace et l'absence de prédateurs. Le poisson-lion est un prédateur d'une grande efficacité sur les poissons adultes et juvéniles ainsi que sur les crustacés, et incluant notamment plusieurs espèces d'intérêt écologique, récréatif et commercial. En tant que prédateur agressif et en embuscade, avec peu de prédateurs propres dans sa région d'introduction, le poisson-lion peut réduire rapidement et de façon alarmante les populations locales de poissons de récif (et certains invertébrés) à un niveau tel que les poissons piscivores locaux ne peuvent plus s'alimenter sur ces mêmes proies. Cela peut entraîner une réduction de la croissance et la survie des prédateurs locaux. Les analyses des contenus stomacaux révèlent une grande diversité d'espèces et de classes de taille de proies.
Le premier impact est écologique, affectant les populations de poissons et crustacés et perturbant l'équilibre de l'écosystème, puis vient un impact économique sur la pêche et comme source de protéines pour les communautés côtières, le tourisme par la dégradation de sites naturels attractifs. Le poisson-lion a non seulement réduit l'abondance et la diversité des poissons de récif qui sont à la base de l'activité touristique liée à la plongée, mais ses épines venimeuses représentent aussi un risque pour ceux qui pratiquent la plongée. Par conséquent, la qualité de vie des communautés côtières est fortement menacée par la présence de cette espèce invasive qui a et continuera d'avoir de toute évidence un impact économique sur les activités commerciales d'importance telles que le tourisme et la pêche.
En prenant en compte le niveau de colonisation atteint aujourd'hui, l'éradication de l'espèce est considérée comme peu probable avec les technologies actuellement disponibles. La meilleure façon de gérer ce problème semble de promouvoir le contrôle des populations de poissons lion. Ce contrôle est possible et existe dans des zones spécifiques où il y a une forte implication (parcs marins au Mexique, en Floride, dans les îles Caïmans, Bonaire, et d'autres encore). S'il a été constaté que le contrôle est un moyen efficace pour réduire les impacts négatifs du poisson-lion, les différents systèmes de contrôle doivent néanmoins être harmonisés et ciblés sur des objectifs communs à l'échelle de la grande région Caraïbe (stratégie régionale). Les ressources disponibles et la taille de l'aire de gestion permettent de déterminer le niveau de contrôle. Cependant, le modèle d'invasion observé et la capacité du poisson-lion à se déplacer d'un site à l'autre font de la coordination et de la coopération aux niveaux national et régional un facteur clé de réussite.
Pour faire face à la menace croissante causée par l'invasion du poisson-lion (Pterois Miles et P. Volitans) dans la région de la Grande Caraïbe, le Programme pour l'Environnement des Caraïbes du PNUE et le Centre d'activités régionales du Protocole sur les Espèces et les Espaces Spécialement Protégées de la Convention de Cartagène (CAR-SPAW) ont uni leurs forces avec l'Initiative internationale pour les récifs coralliens (ICRI) et des partenaires comme le gouvernement du Mexique et la Commission nationale des aires naturelles protégées (CONANP), le gouvernement américain et son département océanique (NOAA), la fondation Reef Check en République Dominicaine, le CABI, et des experts caribéens représentatifs, pour répondre au problème posé par le poisson-lion dans la grande région Caraïbe. Un comité Ad-Hoc pour une réponse régionale caribéenne à l'invasion du poisson-lion (également connu sous le nom de Comité Régional Poisson-lion - RLC en anglais) a été créé à cet effet sous les auspices de l'ICRI en Novembre 2010.
La dernière Conférence des Parties de SPAW en Octobre 2012 (COP 7) a adopté le nouveau plan de travail 2013-2014 incluant des activités pour lutter contre les espèces exotiques envahissantes et en particulier le poisson-lion.