Toutes les versions de cet article : [English] [Español] [français]
Les habitats de la plupart des espèces de la mégafaune marine (requins, tortues marines, mammifères marins et oiseaux marins) sont souvent les mêmes que ceux d’activités humaines telles que la pêche, le trafic maritime ou encore le tourisme. Ce chevauchement engendre de fréquentes interactions entre ces activités et les espèces marines. C’est dans ce cadre qu’a été conçu le projet CAMAC.
Mégafaune marine et activités humaines : des interactions mal connues
La mégafaune marine est particulièrement sensible aux impacts négatifs que peuvent générer ces interactions. Celles-ci peuvent engendrer des modifications de leurs comportements vitaux mais aussi des blessures. Une forte proportion des espèces de la Caraïbe est ainsi vulnérable. Mais ces interactions peuvent aussi constituer un problème pour les activités humaines. Par exemple, les prises accidentelles et la déprédation (arrachage des poissons dans les filets ou sur les lignes par les espèces prédatrices) peuvent entrainer la dégradation ou la perte des engins de pêche, ou encore réduire le rendement. En outre, certaines activités dépendent directement de la présence des espèces de la mégafaune marine, comme le whale-watching ou la plongée sous-marine.
Dans la Caraïbe, les différentes interactions entre la mégafaune et les activités humaines sont bien identifiées, mais peu quantifiées et peu maîtrisées.
CAMAC, un projet de coopération caribéenne
Le projet CAMAC, pour CAribbean marine Megafauna and anthropogenic ACtivities, vise à améliorer les connaissances sur ces interactions et renforcer la collaboration régionale. Le but est ainsi de fournir aux instances dirigeantes de la Caraïbe et aux acteurs environnementaux des recommandations et des outils pour réduire les impacts négatifs des interactions entre mégafaune marine et activités humaines.
Pour y arriver, cinq objectifs spécifiques ont été définis :
* améliorer les connaissances sur la mégafaune marine des Caraïbes (mammifères marins, tortues marines, oiseaux de mer, requins et raies) ;
* évaluer les enjeux environnementaux et socio-économiques liés aux interactions entre les activités humaines et la mégafaune marine ;
* renforcer la coopération régionale et les compétences des acteurs (notamment en renforçant les réseaux déjà existants) ;
* renforcer l’adhésion des jeunes Caribéens aux enjeux de la conservation de la mégafaune et du patrimoine marin en général ;
* faire des recommandations aux instances dirigeantes afin de soutenir la mise en œuvre des politiques les plus appropriées possibles.
La portée géographique de ce projet concerne à minima l’ensemble des Petites Antilles, mais aussi à l’ouest, la République Dominicaine, Haïti et la Jamaïque, et au sud-est les zones économiques exclusives des pays et territoires du plateau des Guyanes. Le projet CAMAC impliquera donc des partenaires internationaux.
Quatre grands axes de travail
Le projet CAMAC se déroulera sur cinq années lors desquelles les partenaires impliqués travailleront via quatre axes.
La première année du projet est dédiée essentiellement au développement des partenariats et à la définition des protocoles scientifiques. Les partenaires impliqués en 2023 sont le Sanctuaire Agoa qui est chef de file du projet, le CAR SPAW (Centre d’Activités Régional pour le protocole relatif aux zones et à la vie sauvage Spécialement protégées de la Grande région caraïbe) et l’ONG Haïti Ocean Project.
Un projet européen
CAMAC est un projet co-financé par le Fonds Européen de Développement Régional (FEDER) dans le cadre du programme Interreg Caraïbes à hauteur de 85% pour un budget total de 758 397 € la première année.
Les principaux résultats de la phase I (2023)
Les principaux résultats de la phase I du projet CAMAC, réalisée en 2023, sont listés ci-dessous. Tous les documents peuvent être téléchargés à partir du site web dédié au projet (https://sanctuaire-agoa.fr/editorial/camac) :
· Des groupes d’experts ont été créés pour chaque axe de travail du projet (c’est-à-dire : les interactions avec les pêcheries, les réseaux échouages, l’éducation à l’environnement, l’amélioration des connaissances sur les mammifères marins, les requins et les oiseaux marins). Ces groupes rassemblent aujourd’hui plus de 110 organisations et 190 experts de la région des Caraïbes qui ont contribué à la phase I et à la définition du plan de travail pour la phase II.
· Une synthèse des informations disponibles sur les interactions entre les pêcheries et la mégafaune marine dans la zone CAMAC a été rédigée.
· Une étude des distributions de la tortue marine imbriquée dans l’Atlantique Ouest sur la base de données de télémétrie satellitaire a été réalisée.
· Une boîte à outils pour les interventions en cas d’échouage de mammifères marins, comprenant un guide et des formulaires de terrain, ainsi que 5 vidéos de formation, dont une vidéo de nécropsie, a été élaborée.
· 8 ateliers ont été organisés dans différents territoires de la Caraïbe pour former les réseaux locaux à la réponse aux échouages.
· Un catalogue d’outils pédagogiques sur la mégafaune marine (79 outils en anglais, espagnol, français et créole) a été créé.
· Une revue bibliographique de l’état des connaissances sur les élasmobranches dans la zone CAMAC et un plan d’action pour l’amélioration des connaissances ont été rédigés.
· Un plan d’action pour l’amélioration des connaissances sur les mammifères marins et les oiseaux de mer a été développé, comprenant un protocole et la définition de zones prioritaires.
· Un plan de travail et des recommandations pour la phase II de CAMAC ont été élaborés et peuvent être consultés dans le rapport de l’atelier final de la phase I.
Phase II du projet CAMAC (2024-2027)
La phase 2 de CAMAC sera consacrée à la mise en œuvre du plan de travail élaboré avec les partenaires lors de la phase 1, ainsi qu’au développement et à la diffusion d’outils de sensibilisation et d’aide à la décision basés sur les résultats du projet. Tout ceci sera réalisé en collaboration avec les groupes de travail créés lors de la phase 1. Depuis la fin de l’année 2023, l’équipe de coordination de CAMAC s’est attelée à la recherche de cofinancements pour cette prochaine phase qui devrait démarrer fin 2024.
Voir en ligne : CAMAC/Sanctuaire Agoa